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©Le Terril Ledoux à Condé-sur-l'Escaut|©Dboukla

La Chaine des Terrils du nord de la France

Site classé depuis 2016, la chaîne des terrils contribue à la notoriété des paysages français.

Ce classement fait suite à l’inscription des paysages miniers en tant que « paysage culturel évolutif » au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012. Il témoigne du récent changement de regard intervenu sur un paysage original, entièrement façonné par l’homme.

Les 78 terrils formant la Chaîne des terrils présentent une très grande diversité de formes, d’usages, de végétation, de modes de gestion. Certains sont fermés au public, d’autres sont des lieux de loisirs, de découverte, de promenade, parfois même d’événements sportifs de renommées nationales. Certains enfin sont de formidables belvédères pour découvrir la richesse des paysages miniers et pour percevoir la chaîne dans son ensemble.

Bonne découverte !

 

Chaine Des Terrils Chaine Des Terrils
©Chaine Des Terrils

Les terrils en quelques mots

Érigés à partir de millions de tonnes de schiste tirées des profondeurs, les terrils sont les symboles les plus marquants de l’impact qu’a eu l’extraction charbonnière sur le territoire. Hier considérés comme des crassiers, ils sont devenus peu à peu des icônes pour le territoire. Ils sont à la fois des marqueurs du paysage et des espaces pour une nouvelle biodiversité et pour de nouveaux usages.

Le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais comporte  339 terrils recensés. Chaque terril s’est vu attribué un numéro par les Houillères du Bassin Nord-Pas-de-Calais afin de les référencer et les exploiter. Un grand nombre de ces terrils ont été exploité mais seul quelques uns ont disparu.

Les terrils servent à l’exploitation du charbon. Le début de l’exploitation du charbon dans le bassin Minier date de 1720.
A l’origine, le terril est un amoncellement de roches stériles et de déchets. Les terrils plats sont les plus anciens, car à l’époque le charbon était acheminé par  des chevaux, la pente ne devait donc pas être trop raide.

Certains sites sont des terrils coniques, ou des terrils mixtes. A la suite des fermetures, tous les terrils devaient être raser afin d’effacer toutes traces d’exploitation. Cependant en 1988 l’association la « Chaine des terrils » a été crée, afin de préserver les terrils. En accord avec une trentaine de commune, certains terrils ont donc été réaménagés en zone de loisirs, de promenades, ou des zones naturels protégés.

Une chaîne aux mille facettes

Les promeneurs peuvent rencontrer sur chaque terril une diversité de milieux offrant des ambiances variées et dépaysantes et ainsi passer d’un paysage de dunes désertiques à un terril complètement boisé !

Les terrils se renouvellent et deviennent des lieux d’activités sportives, culturelles, pédagogiques et touristiques pour permettre de découvrir ces lieux exceptionnels au travers de nouvelles expériences. Il est demandé aux visiteurs de ne pas sortir des chemins balisés et de respecter les réglementations affichées afin d’aider à préserver ce patrimoine à la fois riche et fragile.

Le saviez-vous ?

La chaîne des terrils, manifestation visible d’un filon souterrain de houille, s’étend sur environ 100 km de long, pour une superficie de 1832 hectares environ. Elle est unique en Europe par ses dimensions et son état de conservation.

Un site historique

La chaîne des terrils est un symboles les plus forte l’identité du Bassin minier. Elle est un témoin de 270 ans d’exploitation de la houille, et un rappel de la présence des veines souterraines de charbon. Datant du carbonifère, ces veines s’étendent sur 120km Fresnes-sur-Escaut à la frontière belge (le berceau de la mine dans le nord de la France), jusqu’à Enquin-lez-Guinegatte aux portes du Boulonnais.

Elle est également un échantillon représentatif des quelques 220 terrils (sur les plus de 285 initialement érigés) qui ponctuent encore le paysage, dont beaucoup dans un état proche de leur forme initiale.

Conservés, grâce  à la mobilisation commune de la société civile, des élus et du CPIE Chaîne des terrils, ils sont devenus une part importante de la mémoire collective et témoignent de l’ampleur des efforts menés par des générations d’hommes et de femmes au fond comme en surface. ils témoignent également des différentes techniques de mise à terril utilisées pouvant être regroupées en 5 « générations » encore visibles.

Un site pittoresque

Ces terrils, réinvestis par les habitants et les acteurs du territoire, ont, dans l’histoire récente, bénéficié d’un changement de regard. Initialement considérés comme des « déchets géologiques », certains terrils ont rapidement été exploités, totalement ou partiellement, pour leur valeur marchande. D’autres, à partir des années 1970, ont été requalifiés pour gérer les risques miniers, masquer leur présence dans le paysage au travers d’opérations importantes de plantations, mais aussi pour offrir aux habitants de nouveaux espaces de loisirs et de nature atypiques en région. Ils sont également devenus le support d’une biodiversité riche, spécifiques des lieux.

Terrils intacts ou terrils sculptés, ces silhouettes variées et aux couleurs changeantes s’imposent sur un territoire au très faible relief, composé d’une mosaïque de seize grands paysages.

Ces terrils interpellent ainsi différemment le regard selon qu’ils sont implantés en contexte paysager ouvert (comme les plaines agricoles), ou dans un contexte fermés (urbain ou boisés).

Ensemble, ils forment une chaîne que l’on peut percevoir depuis l’extérieur du Bassin minier, mais aussi depuis les sommets des terrils eux-même ou encore depuis certains lieux au coeur du Bassin minier.

Par ailleurs, ils offrent depuis leurs sommets des points de vue et d’interprétation privilégiés de la richesse et de la diversité des paysages (urbains, agricoles,boisés, humides) dans lesquels est venu s’implanter de manière fulgurante l’industrie minière.

Un classement motivé

Le classement, porté par la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du logement Haut-de-France (DREAL), visait à accompagnait l’inscription, en 2012, du Bassin minier sur la Liste du patrimoine mondial comme « paysage culturel évolutif vivant ».

La majorité des 51 terrils inclus dans le périmètre du Bassin minier Patrimoine mondial ont été repris dans ce site classé.

Un classement motivé par:

  1. Le critère historique : le site est associé à des activités socio-économiques ayant contribué à la création de paysages représentatifs de l’histoire ou l’image d’une région.
  2. Le critère pittoresque : un site pittoresque est un paysage ou un lieu qui retient l’attention par son caractère original et esthétique.

Les générations de terrils

Les caractéristiques physiques des terrils apportent de multiples indications sur les différentes techniques de mise à terril. la classification en « générations » est une représentation simplifiée qui aide à comprendre la formation des terrils, même si certains sont l’œuvre d’une successions de techniques.

TERRILS DE PREMIÈRE GENERATION

9 terrils de 1ere génération sont classés.

Au début de l’exploitation en 1720, les mineurs laissaient les roches stériles dans les galeries. A partir des années 1800, l’évolution des techniques d’exploitation a permis de remonter plus de matériaux et de faire le tri à la surface. Ainsi les premiers terrils sont apparus, ils formaient des petits tas tabulaires de 10-30 m de haut, avec des pentes douces.Ils ont été édifiés avec la force humaine et animale (paniers, wagonnets tractés) à proximité des fosses et ont pour beaucoup disparu (exploités ou recouverts par des terrils plus récents).

TERRILS DE LA DEUXIÈME GENERATION

20 terrils de 2e génération sont classés.

Ils sont apparus à la fin du 19e siècle. Leur forme conique leur permet de stocker plus de matière en limitant la consommation des terres agricoles. Leur édification était mécanique, par berlines tirées par un treuil le long d’une rampe de chargement (rails). De taille moyenne, ils ne dépassent pas 65 m.

TERRILS DE TROISIÈME GENERATION

15 terrils de 3e génération sont classés.

Ils sont apparus à la fin du 20e siècle. À cette époque, l’édification de terrils coniques par rampe de chargement reste répandue, mais l’utilisation du téléphérique comme transporteur fait son apparition en parallèle. Les matières étaient lâchées entre deux pylône, formant une succession de grands terrils coniques qui progressivement ont fusionné. Le téléphérique a été progressivement abandonné, son fonctionnement ne permettant pas de suivre la cadence de l’exploitation de l’après Seconde Guerre mondiale.

TERRILS DE QUATRIÈME GENERATION

18 terrils de 4e génération sont classés.

Ils sont apparus avec la nationalisation (1946), dans le contexte de l’après-guerre et de l’intensification de l’exploitation du charbon. Les sièges de concentration ont produit de grands terrils modernes. Le nouveau système d’édification qui utilise des skips tractés sur rails le long d’une rampe a créé des terrils coniques volumineux. Les skips déversent leur contenu au sommet du terril, sur la pente opposée ou dans des couloirs métalliques mobiles qui permettent de répartir les matériaux sur les pentes, créant alors des micro-reliefs en forme d’épis.La rampe était allongée au fur et à mesure de la progression. Quand la hauteur souhaité du terril était atteinte, le terril s’élargissait par arc de cercle successifs, en suivant le déplacement du convoyeur.

TERRILS DE CINQUIÈME GENERATION

16 terrils de 5e génération sont classés.

Édifiés en parallèle des générations 3 et 4, en forme tabulaire souvent étendus, il ont généralement été édifiés sur des terres agricoles incultes, comme les vallons et zones humides, trop meubles pour supporter la charge de terrils coniques (menaces d’affaissement et de glissement). Ces terrils ont été édifiés par convoyeurs à bande ou par convoyeurs ferroviaires avec des locomotives tractant des trémies. La progression des dépôts se faisant par déplacement des rails, cette édification a laissé une empreinte en éventail sur le plateau, un peu comme les stries sur une coquille Saint-Jacques.

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