UN PATRIMOINE A (RE)DÉCOUVRIR
Les monuments aux morts revêtent deux fonctions principales : ils sont à la fois la tombe symbolique de ceux qui ont défendu la Nation et ils désignent un lieu des commémorations publiques. Dans ses formes les plus élémentaires mais très usitées de la stèle ou de l’obélisque, peu, voire aucun élément de nature artistique donc esthétique n’interfère entre le monument et ceux qui se souviennent.
La seule présence des noms des disparus impose une certaine neutralité du message délivré par l’objet lui-même.
Figurées ou non, ces productions d’art ne doivent obéir qu’à une seule règle, celle de la laïcité, dès lors qu’elles sont implantées dans l’espace public. Depuis 1905, la loi de Séparation des Églises et de l’État et son article 28
COMMÉMORER TOUTES LES GUERRES
Au-delà de la Grande Guerre, les monuments aux morts aujourd’hui commémorent toutes les guerres contemporaines. En effet, lors de leur érection, les monuments aux morts symbolisaient la Grande Guerre qui se devait d’être la « Der des Ders » et incarnait le deuil de masse. Les discours officiels prononcés lors des cérémonies du 11 novembre le rappelaient régulièrement, tout comme la présence des endeuillés, vêtus de noirs. Puis au fil des décennies, la Grande Guerre est devenue la Première Guerre mondiale et les proches qui pleuraient les morts de la guerre moururent à leur tour. Sur les monuments à la longue liste des Morts de 14-18 s’ajoutèrent ceux de 39-45 puis ceux des guerres d’Indochine et d’Algérie, sans compter aujourd’hui des noms des militaires morts en opérations extérieures. Le monument aux morts devint donc le lieu par excellence de la commémoration des guerres contemporaines, celles de la République française. Aujourd’hui onze cérémonies nationales, organisées dans les départements par les préfectures, sous-préfectures et municipalités, avec la participation de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, « commémorent la mémoire des faits d’armes des grands hommes, des combattants et le sacrifice des victimes civiles ou militaires des guerres ».
Honorer la mémoire de ceux qui donnèrent leur vie pour la défense des valeurs de la République, rendre hommage à toutes les victimes des guerres et transmettre la mémoire des conflits aux jeunes générations, tels sont les enjeux de la commémoration et des monuments aux morts, toute à la fois lieux et devoir de mémoire.